drkvg: voila ma proposition. J'avais commencé par seulement couper les phrases trop longues, et reformuler pour éviter les répétitions, assez nombreuses, et puis j'ai réalisé que certains paragraphes disaient, à quelques mots près, la même chose (la section "mesures" et section "conséquences" étant presque équivalentes). J'ai donc entrepris de fusionner des passages par trop similaires, et tenté de structurer certains morceaux, tout en gardant tous les éléments de fond apportés par djrom, ajoutant parfois un détail par ci, en enlevant d'autres me semblant supperflus (et la place est comptée!). Voilà, il est tard, et ma critique peut sonner dure, mais je l'ai déjà dit, je trouve chouette ce premier jet, qui donne cependant l'impression d'avoir été écrit vite (et je crois, pour avoir entendu djrom le dire, que c'est le cas). D'ou la nécessite, je crois, de le retravailler. Voilà, c'est tout pour moi, pour le moment. (ah, et le titre, il est sûrement pourri, mais c'était juste histoire de mettre quelque chose, héhé).

Decay: fotes corrigées, accord donné.

djrom: j'ai amelioré la mise en page sur le wiki, et cette version là me va.

LA LEN - CHRONIQUE D'UNE DÉMOLITION PROGRAMMÉE

Début janvier 2004, sans que personne n'y prête attention ou presque, la "Loi pour la Confiance dans l'Économie Numérique ([1] LCEN, LEN ou encore loi Fontaine) a été approuvée en deuxième lecture à l'assemblée nationale. Cette discrétion tant médiatique que politique cache cependant un texte visant à mettre en place une véritable politique de censure de l'Internet. Plus précisément, la LEN entraînera:

  • la transformation des "prestataires techniques" en auxiliaires de police, ceux-ci se voyant imposer une tâche de surveillance préventive de tous les contenus se trouvant sur leurs machines, sous peine de poursuites.

  • l'instauration d'un régime de délation et la transformation des hébergeurs en juges/censeurs, ceux-ci étant dans l'obligation de fermer tout site dont le contenu est "présumé illégal" dès lors qu'ils en ont connaissance. Pour éviter tout risque de procès, les hébergeurs commerciaux auront ainsi tendance à supprimer de manière préventive tout site leur étant "signalé", sans s'attarder sur le fondement de la requête. Il suffira donc qu'un contenu froisse des entreprises ouinstitutions influent-e-s, ou encore des individu-e-s suffisamment déterminé-e-s, pour que celui-ci soit supprimé.

  • la mort des infrastructures techniques alternatives, des hébergeurs indépendants et autres coopératives, qui, s'ils refusent de se plier aux chantages ou défendent la liberté d'expression, ne pourront faire face aux coûts faramineux des procès leur étant intentés (même en cas de victoire). Notons que le cadre légal actuel, bien que moins répressif, permet déjà de graves dérives dans ce sens (affaires Altern [2] et Ouvaton [3], par exemple).

  • la fin de la libre navigation sur Internet, avec l'instauration d'un filtrage au niveau national: il s'agit d'interdire aux internautes français-es la consultation de certains sites qui échapperaient aux lois françaises, en étant hébergés à l'étranger. Rappelons que seuls des pays comme la Chine, la Birmanie ou l'Iran appliquent aujourd'hui un tel régime de censure.

  • enfin, l'extension du fichage et la mise à mal de la vie privée, par la suppression de la notion de correspondance privée dans la définition du courrier électronique!

Ces mesures se basent sur une image alarmiste d'Internet, la légende voulant que le réseau soit un repère de nazis et de pédophiles. Les mesures préconisées par la LEN seront de toutes façons d'une inefficacité risible, alors même que les idées nazies, pédophiles ou racistes ne sont pas plus représentées sur Internet qu'ailleurs : on ne résoud pas un problème en le cachant, et il est techniquement difficile, voire impossible, de surveiller et filtrer un contenu mouvant et camouflé (contrairement à ce que prétend la rumeur, les images pédophiles ne circulent pas au grand jour sur Internet, mais sont le plus souvent dissimulées).

Alors que la LEN sera inefficace contre ce qu'elle prétend pourfendre, elle risque d'entraîner la destruction de ce qui a toujours été vital à Internet et a permis son essor: le net participatif, indépendant, collaboratif et non marchand. Car avant l'Internet des publicités et de la vente en ligne, il a existé, il existe toujours un web "alternatif" à celui des gouvernements et des multinationales. Un net constitué de petits hébergeurs gratuits[4] ou collaboratifs[5], de multiples nébuleuses de sites petits et grands, réalisés par divers-es individu-e-s, sur une infinité de sujets: encyclopédies libres, bibliothèques libres, réseaux de médias indépendants [6], wikis [7], weblogs [8], sites personnels et bien d'autres...

A travers ce net "différent", ce sont de nouvelles manières de communiquer, d'échanger des informations, de s'organiser et de créer qui s'inventent et se développent. Ainsi, les réseaux de p2p (?Peer2Peer, soit "Particulier à Particulier") servent à des millions d'utilisateurs et utilisatrices à échanger des créations musicales et vidéo, mais aussi à partager des logiciels libres [9], comme le système d'exploitation GNU/Linux (développé de manière distribuée et collaborative sur toute la planète). Tout ce net "alternatif" repose sur les idées de collaboration, d'horizontalité, de liberté d'expression et de participation. A l'inverse de l'Internet commercial, il ne sépare pas les internautes en "fournisseurs" et "consommateurs", mais fait du net un réseau d'actrices et d'acteurs, qui participent tou-te-s à sa vie.

Avec la LEN et la mort programmée des hébergeurs indépendants et non-marchands, il va devenir difficile, voire impossible de publier sur Internet sans payer cher, supporter de la publicité, et risquer à tout moment d'être censuré. Le filtrage et la surveillance érigés comme dogmes empêcheront les sites de fonctionner de manière ouverte et collaborative. L'enjeu est de taille: il en va de la liberté d'expression sur le réseau.

Alors qu'Internet avait déjà été montré du doigt par les diverses lois "anti-terroristes" (LSI et LSQ) suite au 11 septembre, il devient clair que c'est à une destruction d'Internet comme média libre et participatif, à sa réduction à un outil de bête consommation, à sa conversion en simple télévision, qu'oeuvre le gouvernement. Nous invitons donc tous et toutes à prendre à contre-pied la vision paranoïaque et sécuritaire des dirigeants, à refuser cette loi comme toute loi liberticide, à tout faire pour qu'elle ne passe pas, pour découvrir et développer le net alternatif, créer des réseaux libres et partagés!

-- le collectif pRiNT! (http://print.squat.net) et d'autres internautes en colère

[1]: le texte complet est disponible à l'adresse suivante: http://www.telecom.gouv.fr/internet/index_len.htm

[2]: l'hébergeur indépendant altern.org a du fermer à la suite de pressions juridiques exercées par une star du showbiz. Une histoire plus détaillée est disponible à http://altern.org/alternb/defense/faq.html

[3]: l'hébergeur coopératif Ouvaton (http://www.ouvaton.org) a été sérieusement ébranlé financièrement par le harcèlement juridique mené par la société Métrobus. Plus d'infos sur le site de Ouvaton.

[4]: voir par exemple le RIHA, Réseau Indépendant d'Hébergeurs Autogérés: http://twiki.zaup.org/view/Riha/WebHome

[5]: comme Ouvaton: http://www.ouvaton.org ou Lautre.net: http://www.lautre.net

[6]: http://fr.wikipedia.org, http://www.gutenberg.net/index.shtml ou http://france.indymedia.org par exemple.

[7]: un wiki est un site élaboré, structuré et rempli de manière participative et collective.

[8]: les weblogs (ou blogs) sont des "journaux personnels" sur Internet, qui permettent à tout-e un-e chacun-e de communiquer et d'échanger des tranches de vie, des opinions, des informations.

[9]: voir http://www.gnu.org/home.fr.html


version modifiée. la version précédente est en-dessous. je sais pas si c est comme ca qu il faut faire, mais bon: ?BR Contre la LEN, pour un réseau internet libre !

Début janvier 2004 a été approuvée en deuxième lecture à l'assemblée nationale, sans que personne n'y prête attention, la Loi pour la Confiance dans l'Economique Numérique [1] (LCEN, ou LEN ou encore loi Fontaine, du nom de la ministre rapporteuse du projet de loi). [Cette discrétion tant médiatique que politique cache cependant un texte visant]à mettre en place une situation de censure des contenus disponibles sur Internet.

En effet, certaines mesures prises dans le cadre de cette loi ne laissent place à aucune ambiguïté:

    • l'obligation (sous peine de poursuites) pour les hébergeurs de contenus de censurer tout accès à un site dont le contenu est "présumé illégal", dès lors qu'ils prennent conscience de cette "illégalité présumée",
    • pour les mêmes hébergeurs (et toujours sous peine de poursuites), l'obligation de surveiller le contenu qu'ils hébergent, afin d'en éliminer les mêmes contenus "présumés illégaux",
    • la mise en place d'un filtrage "à la chinoise" du réseau Internet en France, qui vise à empêcher l'accès par les internautes français du contenu "présumé illégal",
    • pour finir, la suppression de la notion de correspondance privée dans le cadre du courrier électronique.

La première mesure a pour conséquence immédiate de faire des hébergeurs des juges/censeurs tenus de supprimer tout contenu jugé "illicite" dès qu'on leur signale. Dès lors, il paraît évident qu'afin d'éviter tout risque de procès qui leur serait coûteux même en cas de victoire, les hébergeurs couperont l'accès à tout site signalé de manière préventive, sans même vérifier si et en quoi le contenu dudit site est "illicite". Il suffira désormais qu'un contenu froisse des individidu-e-s, entreprises, institutions suffisament puissant-e-s et/ou déterminé-e-s pour qu'il soit retiré rapidement suite à des pressions sur l'hébergeur du contenu en question. Déjà, dans le cadre légal actuel, pourtant moins répressif, on constate des dérives dans ce sens(affaire altern [2] et affaire ouvaton [3] par exemple).

Le deuxième mesure veut imposer la surveillance préventive de tout le contenu hébergé en France par son hébergeur, pour vérifier qu'il n'abrite pas de "contenu illicite".

La troisième mesure est aussi simple qu'effrayante: il s'agit d'interdire aux internautes français-es d'aller voir certains sites et certains contenus, sous prétexte de leur caractère "illicite". Rappellons que seuls des pays comme la Chine, la Birmanie ou l'Iran appliquent pour l'instant cette forme de filtrage.

Pour finir, la quatrième mesure dénie simplement tout caractère "privé" aux correspondances électroniques. Autorisant par-là sa consultation et son utilisation par diverses institutions dans des situations tout aussi diverses, comme si rien de ce qui est dit pour courrier électronique ne relevait de la vie privée.

Ces mesures s'appuie sur une imagerie alarmiste d'internet, vu comme un repaire de nazi-e-s, pédophiles et/ou racistes. Une vision des choses qui tient plus de la légende urbaine que de la réalité, et qui ironiquement est plus souvent colportée par des personnes n'utilisant pas internet que par des internautes avertis. En réalité, la présence d'idées nazies, pédophiles ou racistes sur Internet est exactement la même que dans le monde réel. Pire, même si Internet était l'horrible repaire de pédonazi-e-s que certain-e-s prétendent, les mesures préconisées par la LEN seraient d'une inefficacité risible, ne serait-ce que pour des raisons simplement techniques(il n'existe actuellement pas de techniques de filtrage et/ou de surveillance de contenu efficaces et fiables, surtout quand le contenu qu'on recherche est mouvant et camouflé).

Alors que la LEN est inefficace contre ce qu'elle prétend pourfendre, elle risque d'entraîner la destruction d'une partie vitale et importante d'Internet: le web participatif, indépendant, collaboratif et non commercial. En effet, il existe un web "alternatif", alternatif au "grand" web des gouvernements et des multinationales. Ce web est constitué de petits hébergeurs gratuits[4] ou collaboratifs[5], de multiples nébuleuses de "petits" sites faits par des individu-e-s sur une infinité de sujets, d'encyclopédies libres, de bibliothèques libres, de réseaux de médias indépendants [6], de wikis [7], de weblogs [8] et bien d'autres. A travers ce web "différent", ce sont de nouvelles manières de communiquer, de s'échanger des informations, de s'organiser et même de créer [9], qui s'inventent et qui se développent. On pourrait intégrer à ce web "alternatif" les réseaux de p2p (?Peer2Peer, ce qui veut dire "Particulier à Particulier"), qui servent à des millions d'utilisateurices pour s'échanger de la musique, mais aussi pour partager des logiciels dits libres, comme le système d'exploitation GNU/Linux (développé de manière distribuée et collaborative sur toute la planète, voir http://www.gnu.org/home.fr.html pour plus d'infos ), ou aussi des films. Tout ce web "alternatif" repose sur des idées de collaboration, d'horizontalité, de liberté d'expression et de participation. Il fonctionne non pas sur une opposition entre fournisseurs de contenus et consommateurices, mais sur une vision d'Internet comme réseau d'actrices et d'acteurs, qui participent tou-te-s à sa vie.

La LEN risque d'entraîner la mort des hébergeurs non commerciaux, incapables d'assumer les contraintes financières et administratives qu'elle leur imposera. Sans hébergeur non commercial, il va devenir beaucoup plus difficile, voire impossible d'obtenir un espace pour publier sur Internet, sans avoir à payer cher ou à supporter de la publicité. Le filtrage et la surveillance érigés comme dogmes empêcheront les sites de fonctionner de manière ouverte et collaborative; en effet, comment faire des sites à publication libre quand on est tenu-e de surveiller la moindre publication et que l'on est tenu-e responsable de tout propos tenu sur le site ? La censure qui en découlera signalera la fin de la liberté d'expression sur Internet.

En somme, cette loi risque de tuer tout web qui ne soit pas institutionnel ou commercial, tout web qui sorte du schéma traditionnel qui voit en Internet une sorte de télévision avec beaucoup de chaînes, et des paiements par carte bleue. Alors qu'Internet avait déjà été montré du doigt par les diverses lois "antiterroristes" (LSI et LSQ) post-11 septembre, il devient clair que c'est une destruction d'Internet comme média libre que souhaitent nos dirigeant-e-s. C'est pourquoi nous nous opposons à cette loi, et c'est pourquoi nous invitons toutes les personnes concernées par le sort d'Internet à refuser cette loi, à tout faire pour qu'elle ne passe pas, à découvrir et à développer le web alternatif, afin de prendre à contre-pied la vision paranoïaque et sécuritaire de nos dirigeant-e-s, et de faire d'Internet un média libre et participatif.

-- le collectif pRiNT! ( http://print.squat.net ) et d'autres internautes en colère

[1]: le texte complet est disponible à l'adresse suivante: http://www.telecom.gouv.fr/internet/index_len.htm ?BR [2]: l'affaire altern a vu un petit hébergeur indépendant altern.org fermer à la suite de pressions juridiques faites par une star du showbiz. une histoire plus détaillée est disponible à l'adresse: http://altern.org/alternb/defense/faq.html ?BR [3]: l'affaire ouvaton a vu l'hébergeur coopératif ouvaton (http://www.ouvaton.org) être mis sérieusement en difficulté financièrement par un harcélement juridique de la société Métrobus. plus d'infos sur le site d'ouvaton. ?BR [4]: voir par exemple le RIHA, Réseau Indépendant d'Hébergeurs Autogérés: http://twiki.zaup.org/view/Riha/WebHome ?BR [5]: comme Ouvaton: http://www.ouvaton.org ou Lautre: http://www.lautre.net ?BR [6]: http://fr.wikipedia.org, http://www.gutenberg.net/index.shtml ou http://france.indymedia.org par exemple. ?BR [7]: un wiki est un site élaboré, structuré et rempli de manière participative, ce qui permet donc de travailler de manière collective à l'élaboration du contenu. ?BR [8]: les weblogs (ou blogs) sont des "journaux personnels" sur Internet, qui permettent à tout-e un-e chacun-e de communiquer et d'échanger des tranches de vie, des opinions, des informations, ... il y a souvent de grandes communautés de personnes qui se créent autour de ces journaux, communautés d'ami-e-s, de relations, de connaissances, riches et variées. ?BR [9]: voir le site http://www.gnuart.org ou http://creativecommons.org ?BR


Contre la LEN, pour un réseau internet libre !

Début janvier 2004 a été approuvé en deuxième lecture à l'assemblée nationale, sans que personne n'y prête attention, la Loi pour la Confiance dans l'Economique Numérique [1] (LCEN, ou LEN ou encore loi Fontaine, du nom de la ministre rapporteuse du projet de loi). Sous cette dénomination anodine et sous ce voile de discrétion aussi bien médiatique que politique se cache un texte qui, loin de contenir de simples dispositions techniques et/ou administratives, vise à mettre en place une situation de censure des contenus disponibles sur Internet.

En effet, certaines mesures prises dans le cadre de cette loi ne laissent place à aucune ambiguïté:

  • l'obligation (sous peine de poursuites) pour les hébergeurs de contenus de censurer tout accès à un site dont le contenu est "présumé illégal", dès lors qu'ils prennent conscience de cette "illégalité présumée"
  • pour les mêmes hébergeurs (et toujours sous peine de poursuites), l'obligation de surveiller le contenu qu'ils hébergent, afin d'en éliminer les mêmes contenus "présumés illégaux"
  • la mise en place d'un filtrage "à la chinoise" du réseau Internet en France, qui vise à empêcher l'accès par les internautes français du contenu "présumé illégal"
  • pour finir, la suppression de la notion de correspondance privée dans le cadre du courrier électronique

La première mesure a pour conséquence immédiate de faire des hébergeurs des juges/censeurs tenus de supprimer tout contenu jugé "illicite" dès qu'on leur signale. Dès lors, il paraît évident que les hébergeurs ne chercheront pas à risquer un procès qui leur serait coûteux même en cas de victoire, et donc qu'ils couperont l'accès à tout site signalé de manière préventive, sans même vérifier si et en quoi le contenu dudit site est "illicite". On comprend bien la menace que cette mesure fait peser sur la liberté d'expression: il suffira désormais qu'un contenu froisse des individidu-e-s, entreprises, institutions suffisament puissant-e-s et/ou déterminé-e-s pour qu'il soit retiré rapidement suite à des pressions sur l'hébergeur du contenu en question. Alors qu'on constate des dérives dans ce sens avec le cadre légal actuel même s'il est moins répressif (affaire altern [2] et affaire ouvaton [3] par exemple), on imagine ce qui arrivera avec un cadre légal comme celui qu'offre la LEN.

Le deuxième mesure aura pour conséquence simplement la surveillance préventive de tout le contenu hébergé en France, puisque, pour vérifier qu'il n'abrite pas de "contenu illicite", un hébergeur est bien obligé de vérifier tout le contenu qu'il héberge.

La troisième mesure est aussi simple qu'effrayante: il s'agit d'interdire aux internautes français d'aller voir certains sites et certains contenus, sous prétexte de leur caractère "illicite". Il peut être intéressant de rappeller que les seuls pays qui, jusqu'ici, appliquent cette forme de filtrage sont des pays comme la Chine, la Birmanie ou l'Iran.

Pour finir, la quatrième et dernière mesure de cette liste est elle aussi dramatiquement simple: il s'agit de dénier tout caractère "privé" aux correspondances électroniques, ce qui peut potentiellement permettre leur consultation et leur utilisation par diverses institutions dans des situations tout aussi diverses, comme si rien de ce qui est dit pour courrier électronique ne relevait de la vie privée.

Toutes ces mesures se prennent bien évidemment dans le cadre de la prétendue lutte contre la pédophilie, le néo-nazisme, l'antisémitisme et le racisme, censés pulluler sur Internet. Déjà, il est important de répéter, face aux légendes urbaines qui se propagent plus vite que l'éclair, qu'Internet n'est pas un repère de vilain-e-s nazi-e-s pédophiles et/ou racistes. Pour accéder à du contenu pédophile, nazi, ou autre, il faut faire sur Internet comme dans la vraie vie: il faut aller le chercher. Une personne peut se ballader pendant des heures sur Internet sans tomber sur un seul des sites haineux et/ou horribles qui sont invoqués de manière apocalyptique dès qu'une mention quelconque d'Internet a lieu en public. La présence d'idées nazies, pédophiles ou racistes sur Internet est exactement la même que dans le monde réel, ni plus, ni moins. Ceci devrait déjà suffire à constater l'inintêret qu'il y a à censurer Internet. Pire, de toute façon, même si Internet était l'horrible repaire de pédonazi-e-s que certain-e-s prétendent, les mesures préconisées par la LEN seraient d'une inefficacité risible, ne serait-ce que pour des raisons bêtement techniques (il n'existe actuellement pas de techniques de filtrage et/ou de surveillance de contenu efficaces et fiables, surtout quand le contenu qu'on recherche est mouvant et camouflé). Ceci, les divers pays totalitaires du globe le savent, eux qui ont toutes les peines du monde à empêcher l'expression de leurs dissident-e-s sur Internet.

Mais si la LEN est inefficace contre ce qu'elle prétend pourfendre, elle risque d'être dramatiquement efficace dans la destruction d'une partie vitale et importante d'Internet: le web participatif, indépendant, collaboratif et non commercial. En effet, il existe un web "alternatif", alternatif au "grand" web des gouvernements et des multinationales. Ce web est constitué de petits hébergeurs gratuits (voir par exemple le RIHA, Réseau Indépendant d'Hébergeurs Autogérés: http://twiki.zaup.org/view/Riha/WebHome ) ou collaboratifs (comme Ouvaton: http://www.ouvaton.org ou Lautre: http://www.lautre.net ), de multiples nébuleuses de "petits" sites faits par des individu-e-s sur tout ce qu'on peut imaginer comme sujets, d'encyclopédies libres ( http://fr.wikipedia.org ), de bibliothèques libres ( http://www.gutenberg.net/index.shtml , par exemple), de réseaux de médias indépendants ( http://france.indymedia.org , notamment), de wikis [4], de weblogs [5] et de tant d'autres choses encore. A travers ce web "différent", ce sont de nouvelles manières de communiquer, de s'échanger des informations, de s'organiser et même de créer (voir le site http://www.gnuart.org ou http://creativecommons.org ), qui s'inventent et qui se développent. On pourrait aussi intégrer à ce web "alternatif" les réseaux de p2p (?Peer2Peer, ce qui veut dire "Particulier à Particulier"), qui servent à des millions d'utilisateurices pour s'échanger de la musique, mais aussi pour partager des logiciels dits libres, comme le système d'exploitation GNU/Linux ( qui est développé de manière distribuée et collaborative sur toute la planète, voir http://www.gnu.org/home.fr.html pour plus d'infos ), ou aussi des films.

Or, tout ce web "alternatif" repose sur des idées de collaboration, d'horizontalité, de liberté d'expression et de participation. Il fonctionne non pas sur une opposition entre fournisseurs de contenus et consommateurices, mais sur une vision d'Internet comme réseau d'acteurices, qui participent tou-te-s à la vie du réseau. Tout cela est rendu impossible par la LEN. Impossible à cause des contraintes financières et administratives que le poids des diverses lois va faire peser sur les hébergeurs, entraînant ainsi la mort des hébergeurs non commerciaux, qui n'auront pas les moyens de survivre. Et, sans hébergeurs non commerciaux, il va devenir beaucoup plus difficile, si ce n'est impossible d'avoir accès à de la place pour publier sur Internet, sans avoir à payer cher ou à supporter de la publicité. Impossible à cause du filtrage et de la surveillance hérigés comme dogmes qui empêchent les sites de fonctionner de manière ouverte et collaborative; en effet, comment faire des sites à publication libre quand on est tenu-e de surveiller la moindre publication et quand on est tenu-e responsable de tout propos tenu sur le site ? Et impossible enfin à cause de la censure qui va régner, rendant inopérante la liberté d'expression sur Internet.

En somme, cette loi risque de tuer tout web qui ne soit pas institutionnel ou commercial, tout web qui sorte du schéma traditionnel qui ramène Internet à une sorte de télévision avec beaucoup de chaînes, et des paiements par carte bleue. Alors qu'Internet avait déjà été montré du doigt par les diverses lois "antiterroristes" (LSI et LSQ) post-11 septembre, il devient clair que c'est une destruction d'Internet comme média libre que souhaitent nos dirigeant-e-s. C'est pourquoi nous nous opposons à cette loi, et c'est pourquoi nous invitons toutes les personnes concernées par le sort d'Internet à refuser cette loi, à tout faire pour que cette loi ne passe pas, et à découvrir et à développer le web alternatif, afin de prendre à contre-pied la vision paranoïaque et sécuritaire de nos dirigeant-e-s, et de faire d'Internet un média libre et participatif.

-- le collectif pRiNT! ( http://print.squat.net ) et d'autres internautes en colère

[1]: le texte complet est disponible à l'adresse suivante: http://www.telecom.gouv.fr/internet/index_len.htm ?BR [2]: l'affaire altern a vu un petit hébergeur indépendant altern.org fermer à la suite de pressions juridiques faites par une star du showbiz. une histoire plus détaillée est disponible à l'adresse: http://altern.org/alternb/defense/faq.html ?BR [3]: l'affaire ouvaton a vu l'hébergeur coopératif ouvaton (http://www.ouvaton.org) être mis sérieusement en difficulté financièrement par un harcélement juridique de la société Métrobus. plus d'infos sur le site d'ouvaton. ?BR [4]: un wiki est un site élaboré, structuré et rempli de manière participative, ce qui permet donc de travailler de manière collective à l'élaboration du contenu. ?BR [5]: les weblogs (ou blogs) sont des "journaux personnels" sur Internet, qui permettent à tout-e un-e chacun-e de communiquer et d'échanger des tranches de vie, des opinions, des informations, ... il y a souvent de grandes communautés de personnes qui se créent autour de ces journaux, communautés d'ami-e-s, de relations, de connaissances, riches et variées. ?BR